Après avoir participé à un Forum sur la démocratie durable co-organisé par la municipalité de Budapest et l’Université d’Europe centrale du financier-philanthrope américano-hongrois George Soros, le maire de la capitale hongroise Gergely Karácsony a répondu présent à l’invitation d’American Purpose, qui se veut un « magazine, un projet média et une communauté intellectuelle » et a organisé sur deux jours une conférence en ligne intitulée « Continuer la liberté ».
En sa qualité de président du comité éditorial d’American Purpose, le célèbre chercheur en science politiques américain et auteur de « La Fin de l’histoire et le Dernier Homme » en 1992, Francis Fukuyama a à la question pendant près d’une heure, tout en ne manquant pas de faire part de ces remarques sur le Premier ministre hongrois Viktor Orbán.Selon Francis Fukuyama, le maire de Budapest, et candidat malheureux à la primaire de l’opposition qui a lieu en ce moment, se bat pour stopper l’expansion de l’idéologie illibérale en Europe dans un contexte où « les nationalistes de droite ont changé le jeu démocratique pour conserver le pouvoir ». Le politologue américain mentionne à ce sujet des pratiques de gerrymandering (redécoupage d’une carte électorale à des fins partisanes) et un contrôle sur les médias exercé par le parti gouvernemental, et fait du maire de Budapest le chef de file de la contestation démocratique en Hongrie.
Appelé à réagir à ce constat fait par Francis Fukuyama, Gergely Karácsony a abondé dans le sens de celui qu’il considère comme ayant été une source d’inspiration majeure dans sa carrière scientifique et politique et a déroulé un discours éculé dans les rangs de l’opposition sur la monopolisation du pouvoir par le Fidesz grâce aux changements constitutionnels, la réforme du système électoral fait pour diviser l’opposition et solidifier le bloc gouvernemental, la corruption par la captation des fonds européens, l’assèchement budgétaire des villes dirigées par l’opposition, l’emprise de la Chine sur la Hongrie, la tactique populiste consistant à instrumentaliser des crises pour limiter la démocratie, la communication sur les ingérences étrangères, etc.
Ayant sans doute eu vent de l’agitation qu’a soulevée à Budapest le projet de construction d’un campus de l’université chinoise de Fudan, Francis Fukuyama a rappelé à son invité Gergely Karácsony que les rapports des États-Unis et de l’Europe avec Pékin ne seraient jamais bons étant donné que la Chine n’avait pas les « mêmes valeurs que nous », une affirmation à laquelle souscrit le maire Budapest, très actif sur la question chinoise depuis le début de son mandat, notamment sur les débats suscités par l’implantation de l’université de Fudan en Hongrie (sujet sur lequel il a poussé à la tenue d’un référendum).
Sans surprise, Francis Fukuyama et Gergely Karácsony n’ont à aucun moment évoqué l’entrée en mars 2020 dans une ère de restrictions des libertés pour motif sanitaire, si ce n’est sous l’angle utilisée fréquemment par l’opposition hongroise qui dénonce un accaparement des pouvoirs par le premier ministre Orbán et les siens, autrement dit un angle qui n’apporte pas grand chose à la compréhension des profonds changements qu’a entraînés la « crise sanitaire ».
La critique du régime de Pékin devrait pourtant les conduire à relever qu’un système de crédit social à la chinoise se met actuellement en place en Europe. Non seulement ils ne le relèvent pas, mais les partisans d’une ligne anti-chinoise à la Karácsony et à la Fukuyama semblent se réjouir de la mise en place de ce type de système.
Sur la « crise sanitaire », les textes de Francis Fukuyama publiés sur le site d’American Purpose ces derniers mois sont d’ailleurs très intéressants. Dans un article en date du 21 juin 2021 qui s’intitule « Covid et autonomie bureaucratique », il affirme que l’autonomie bureaucratique et le respect des experts sont les gages d’un gouvernement de qualité. Convoquant Herbert Simon, penseur spécialiste de la théorie de l’administration publique, il explique que les experts ont
Hongrie – Après avoir participé à un Forum sur la démocratie durable co-organisé par la municipalité de Budapest et l’Université d’Europe centrale du financier-philanthrope américano-hongrois George Soros, le maire de la capitale hongroise Gergely Karácsony a répondu présent à l’invitation d’American Purpose, qui se veut un « magazine, un projet média et une communauté intellectuelle » et a organisé sur deux jours une conférence en ligne intitulée « Continuer la liberté ».